Open Banking & paiements instantanés : vers un big bang dans les solutions de paiement
La dynamisation des services de paiement et autour des paiements fait partie des priorités affichées par l’Union européenne pour développer la compétitivité économique du continent. Des décisions stratégiques dans ce domaine, comme l’instauration de l’Open Banking et l’extension du paiement instantané à l’échelle de la zone SEPA, ouvrent la voie à des innovations majeures dans le domaine des solutions de paiement à destination des entreprises.
Le développement de nouveaux usages financiers et l’accélération des transactions induisent une nouvelle génération de solutions de paiement à usage des trésoriers d’entreprise, qui ajoutent une couche de services innovants aux échanges de masse entre les entreprises et les banques.
Pour les trésoriers et les directeurs financiers des entreprises, bien comprendre la philosophie et les conséquences pratiques de l’évolution des règles est nécessaire pour tirer le meilleur profit des changements qui s’annoncent.
Quatre éléments sont plus particulièrement à prendre en compte :
- l’apparition de nouveaux services de paiement grâce à l’Open Banking
- l’avènement du temps réel en trésorerie grâce aux paiements instantanés
- l’irruption de nouveaux acteurs et l’émergence de nouveaux modèles économiques
- l’engagement des éditeurs en avance de phase pour traduire les promesses en solutions concrètes
Open Banking : un espace s’ouvre pour de nouvelles solutions de paiement
La directive européenne relative à la réglementation des services de paiement et des prestataires de services de paiement au sein de l’Union européenne (UE) et de l’Espace économique européen (EEE) est la directive sur les services de paiement ou DSP. Elle a été révisée en 2015 et est devenue la DSP2. Son objectif est de « moderniser » les services de paiement en Europe, au profit des consommateurs comme des entreprises, « de manière à rester en phase avec ce marché en évolution rapide » (Commission européenne).
Les quatre principaux volets de la DSP2 sont :
- l’interdiction faite aux établissements financiers de facturer aux utilisateurs l’utilisation de leur carte de crédit ou de débit, en magasin et en ligne.
- le renforcement des droits des consommateurs en cas d’utilisation frauduleuse de leur carte bancaire : abaissement de la franchise restant à la charge du client, raccourcissement des délais de remboursement et remboursement inconditionnel pour les prélèvements en euros.
- l’obligation de l’authentification forte (c’est-à-dire à deux facteurs d’authentification) pour les paiements en ligne de plus de 30 euros.
- l’Open Banking, c’est-à-dire l’ouverture du marché des services de paiement à de nouveaux acteurs, en contraignant les banques à ouvrir leur système d’information.
Pour dire les choses simplement, à travers l’Open Banking, la DSP2 impose aux banques d’ouvrir leur système d’information à des tiers habilités. C’est-à-dire que les banques sont obligées de mettre à la disposition de ces nouveaux venus une interface (ou API) permettant un échange automatisé de données entre le SI de l’établissement et l’application proposée par l’acteur tiers, fintech ou autre banque.
Une décision radicale qui ouvre la possibilité aux entreprises de bénéficier de services de paiement nouveaux, principalement relatifs à l’initiation de paiements et à l’agrégation de comptes bancaires.
Paiements instantanés : le défi du temps réel pour les solutions de paiement
Un virement SEPA interbancaire assure en général la transmission des fonds avec un délai d’un jour ouvrable. Comme son nom l’indique, le paiement instantané est un virement effectué en temps réel.
Les virements instantanés sont bien établis dans la zone SEPA depuis un certain nombre d’années. Cette forme de paiement a été soutenue par la Banque centrale européenne. Qu’est-ce qui a motivé son introduction ?
- Instauration du paiement instantané en euros pour les paiements interbancaires nationaux et internationaux dans chacun des 34 pays de la zone SEPA et entre eux tous.
- Possibilité offerte aux utilisateurs particuliers comme professionnels de recourir à n’importe quel terminal connecté pour procéder à une opération de transfert de fonds.
Sur le site Internet de sa banque, mais aussi depuis son application mobile bancaire, l’expéditeur indique l’IBAN du bénéficiaire ou son numéro de téléphone mobile pour pouvoir envoyer les fonds. Le compte du destinataire est crédité en moins de 10 secondes et la confirmation du paiement est envoyée par SMS à l’expéditeur en moins de 20 secondes. Des contrôles en temps réel sont pratiqués pour prévenir toute tentative de fraude (authentification par biométrie ou par code spécifique).
Solutions de paiement : une nécessaire prise en compte du renouvellement des acteurs
Un effort continu d’innovation et de transformation des solutions de paiement est indispensable pour rester en phase avec le marché numérisé. Il entraîne deux conséquences pratiques défavorables pour les institutions financières :
- Les banques ont désormais l’obligation de donner accès aux données personnelles de leurs clients à des tiers, sachant que les données représentent une valeur montante dans un marché de plus en plus digitalisé.
- Développer les API et sécuriser les échanges de données réclame des ressources. Les banques supportent des obligations et des coûts supplémentaires pour permettre à leurs nouveaux concurrents directs d’exercer leurs activités.
L’Open Banking présente d’ailleurs également trois avantages pour les acteurs financiers traditionnels :
- L’ouverture des SI des banques via les API nécessite une sécurité renforcée. Cette nécessité, traduite dans les technologies, dans les procédures et dans les comportements, produit une élévation vers le haut des standards de sûreté.
- L’Open Banking entraîne d’une certaine façon une externalisation de la R&D des banques. Cette externalisation est porteuse d’une dynamisation de la créativité. Sachant que les acteurs traditionnels n’hésitent pas à créer en leur sein ou à racheter les jeunes pousses attachées à développer de nouveaux services de paiement.
- Indépendamment de l’externalisation d’une partie de la R&D, ou peut-être grâce à elle, l’ouverture du SI des banques accélère leur innovation. On estime qu’un système d’information ouvert permet de diviser par 10 le temps de réactivité face à une demande émanant d’un client.
Solutions de paiement : les éditeurs les plus engagés en avance de phase
Nul besoin qu’un même acteur soit derrière chacune des briques « service financier ». Il suffira qu’une interface intuitive et connectée agrège et fasse fonctionner l’ensemble de ces services de manière fluide. Dans cette perspective, particuliers et entreprises pourraient constituer leur propre portefeuille de services : épargne, assurance, moyens de paiement, gestion de trésorerie…
Les éditeurs de solutions de paiement font bien sûr partie des acteurs qui regardent avec attention cette restructuration qui s’amorce. Maîtrisant la facilitation des échanges de masse entre les entreprises et les banques, ils s’apprêtent à ajouter à leurs propositions de valeur la couche de services innovants issus de la transformation en cours. Le temps réel, les enjeux de sécurité, les possibilités nouvelles en matière d’agrégation de comptes inspirent les éditeurs les plus engagés. Cécile Bayle (Product Marketing Director & Sustainability Spokesperson). « Nous vivons une époque où nous sommes tous obligés de nous réinventer. Et quelque part, quand on est fournisseur de solutions comme Sage, on est un peu la fondation du changement des autres. »
Conclusion
En conclusion, la révolution est en marche et les entreprises découvrent en permanence de nouvelles solutions de paiement. Si de nombreuses initiatives avaient commencé à éclore ces dernières années, la DSP2 et l’Open Banking donnent un formidable élan au mouvement vers le temps réel de la trésorerie d’entreprise.
Les défis de sécurité, de traçabilité et de pilotage sont immenses. Mais le fait que de nouveaux outils financiers augmentent encore la productivité nous incite à rester pleinement engagés en faveur de l’Open Banking.