Saison 3 : Bâtir une entreprise résiliente
Bâtir sa résilience au quotidien
Un jour, mon père a fait une analogie que je n’oublierai jamais. Il m’a dit : « Être en affaires, c’est comme jouer au jeu des serpents et des échelles. » Durant une partie, on ne peut pas s’attendre à n’attraper que des échelles. Les inévitables serpents nous tireront aussi vers le bas, alors que nous aspirons à nous élever. De même, en affaires, une entreprise est vouée à subir des échecs en cours de route. Mieux vaut alors savoir se relever et remonter dans la prochaine échelle.
La résilience, une question de flexibilité
La résilience est la capacité à surmonter les épreuves et à s’épanouir malgré les risques passés et présents. On la décrit parfois comme la capacité à rebondir ou à s’adapter aux situations. Concept à la fois psychologique et physique, la résilience est la possibilité de subir une pression sans briser, ce qui exige de la flexibilité.
Essentielle à quiconque désire entreprendre un projet, cette qualité permet non seulement de traverser des crises majeures, comme la pandémie de COVID-19, mais aussi de naviguer les eaux turbulentes de l’entreprenariat au quotidien. Comprendre ce concept et prévoir des stratégies aident à bien se préparer à toute éventualité.
Des outils pour bâtir sa résilience
Plusieurs outils peuvent nous aider à mieux résister aux épreuves. En voici quelques-uns qui m’ont accompagnée tout au long de mon parcours.
1. Se conformer à la réalité. Pour être résilient, on doit reconnaître les problèmes rapidement et les accepter. La tentation de nier les difficultés est parfois grande, celle d’attendre aussi, mais la pensée magique ne mène nulle part, sinon au gouffre. Au contraire, il est nécessaire d’être factuel pour pouvoir s’adapter pendant qu’il en est encore temps. Autrement dit, il ne faut pas attendre que le bateau coule pour agir, car il est alors trop tard. Bien sûr, il n’est pas question ici de se précipiter sans réfléchir, mais bien de ne pas nier la réalité et d’agir en conséquence.
2. Garder le cap sur sa mission. Chaque entreprise a une mission qui guide ses actions et ses décisions. Attention de ne pas vous écarter! En cours de route, les occasions sont infinies, surtout pour les optimistes et les passionnés. Certes, il est avantageux de diversifier son offre et de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, mais l’inverse est aussi vrai. Se concentrer sur un nombre limité de projets et/ou de produits permet de ne pas trop s’éparpiller, de minimiser les risques inutiles et d’investir son énergie là où ça compte le plus.
3. S’alléger. Juste avant de me lancer en affaires, j’ai reçu un diagnostique qui m’a fait craindre pour ma vie. Par conséquent, je n’ai pas voulu prendre de grands risques, ni m’encombrer. J’ai développé un modèle d’affaires « aérien », dans lequel je travaille avec d’autres entrepreneures plutôt que d’avoir des employés. S’alléger peut être salutaire et prendre plusieurs formes : laisser aller un local trop coûteux pour s’établir en ligne, choisir de ne garder que les meilleurs vendeurs (produits ou services), réduire les effectifs s’il n’y a pas de retour sur l’investissement : toutes ces stratégies peuvent faire la différence en temps de crise. À vouloir tout garder, on risque parfois de tout perdre.
4. Se connaître, gérer son énergie et investir en soi-même. Êtes-vous plus du style marathonien ou sprinteur? Ces deux athlètes savent courir, mais ils gèrent leurs forces de façon très différente. De même, se connaître permet de mieux gérer son énergie physique et mentale. Cela peut sembler aller de soi, mais bien manger, bouger, soigner ses émotions et se reposer sont les conditions même pour avoir une capacité intellectuelle et un niveau d’énergie optimaux. Finalement, poursuivre son apprentissage – avec un accompagnateur d’affaires ou par des lectures – est encore plus qu’un investissement; c’est la condition sine qua non d’un succès durable.
5. Bien s’entourer et s’amuser. Les raisons de bien s’entourer sont multiples. D’abord, on ne sait pas tout. Très souvent, je vois des entrepreneurs qui essaient de tout faire eux-mêmes. Or, à un certain point, il faut admettre ses limites. Être accompagné d’experts pour les aspects financiers et légaux de son entreprise peut faire toute la différence entre une entreprise qui coule et une qui prospère. Nous avons aussi tous besoin de soutien, d’un cercle de personnes qui nous inspirent et nous épaulent. Confiance, respect, amour et humour sont mes guides lorsque vient le temps de choisir ma garde rapprochée, en me rappelant l’importance pour chacun d’être vu, reconnu et apprécié. Je veux que ça coule et qu’on s’amuse; la vie est trop courte pour se prendre la tête.
En 2020, lorsque la pandémie a frappé, ces principes m’ont permis de m’élever au-dessus de la mêlée. Ne pouvant plus donner de conférences en personne, j’ai transféré mes animations en ligne, créant du même coup un Club de vins et des cours virtuels. J’ai aussi continué de développer mes meilleurs produits – ma gamme de vin Bù – et de diversifier mes activités (verrerie, nouveaux jeux de société, etc.), sans perdre de vue ma mission et refusant aussi plusieurs projets. J’ai pris soin de moi et je me suis entourée d’une belle équipe, tout en laissant aller des éléments de mon entreprise qui ne me convenaient plus. Chose certaine, cette résilience n’est pas développée du jour au lendemain; c’est une pratique de tous les jours à laquelle il vaut la peine de porter attention, dès maintenant.