BTP : comment reprendre les chantiers en toute sécurité ?
Bien que certains chantiers n’aient pas attendu la fin du confinement pour reprendre leur activité, le 11 mai marque la relance de l’ensemble du secteur du BTP. Le risque de contamination en raison du Covid-19 étant toujours présent, il convient – pour les acteurs du bâtiment – d’adopter les bonnes pratiques pour assurer un travail en toute sécurité. Le guide officiel de préconisations constitue une base indispensable pour y parvenir.
Le guide pour une reprise d’activité dans de bonnes conditions
La construction étant considérée comme un secteur essentiel de l’économie tricolore, tout a été mis en œuvre pour permettre sa reprise avant même la fin du confinement. À ce titre, un guide baptisé « Préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction en période d’épidémie de coronavirus Covid-19 » a été publié et diffusé à tous les acteurs du BTP dès le 2 avril. Élaboré par les partenaires sociaux et l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics), ce document a reçu l’approbation des fédérations d’employeurs du secteur (Fédération Française du Bâtiment, Fédération Nationale des Travaux Publics, la fédération des SCOP BTP et la Confédération de l’Artisanat et des Petites entreprises du Bâtiment) et des pouvoirs publics.
À l’heure du déconfinement, ce guide représente une aide essentielle pour garantir une reprise d’activité dans les meilleures conditions. Certes imparfait – et parfois même critiqué par les organisations syndicales -, il dresse malgré tout les grands principes de précaution à adopter pour faire face, au mieux, à l’épidémie de coronavirus.
La sécurisation du chantier, en accord avec le client
En premier lieu, il est impératif d’obtenir l’accord du client quant à la reprise du chantier. Dans cette hypothèse, une liste des conditions sanitaires à respecter doit être élaborée par le maître d’ouvrage, en collaboration avec les entreprises intervenantes et l’éventuel coordonnateur SPS (Sécurité et protection de la santé). Dans l’idéal, un référent Covid-19 doit même être désigné pour coordonner toutes les mesures à mettre en place.
Le guide de l’OPPBTP propose également une check-list des questions à poser aux clients – particuliers comme professionnels – afin de préparer la reprise ou le début du chantier. Ce document permet de définir les modalités spécifiques à adopter pour chaque projet, mais également de s’assurer que les conditions sanitaires et d’hygiène peuvent être appliquées (accès à un point d’eau, possibilité de respecter les gestes barrières, etc.). En cas de situation à risque (client infecté, absence de point d’eau, etc.), le chantier doit idéalement être reporté.
Un chantier réorganisé, tenant compte des risques exceptionnels et habituels
La reprise de l’activité doit également passer par une réorganisation du chantier. Plusieurs mesures peuvent être mises en place pour y parvenir :
Contrôler l’accès au chantier
À chaque prise de poste, il est recommandé d’interroger les intervenants sur leur santé – au moyen d’un questionnaire type – et de refuser toute personne présentant des symptômes.
Limiter la co-activité
Dans la mesure du possible, les activités collectives doivent être évitées, et ce, via une réorganisation des méthodes de travail. A minima, les outillages doivent être attribués de façon individuelle et subir, en cas de prêt de matériel, une désinfection systématique.
Appliquer une distance de sécurité
Les opérations doivent être repensées afin de permettre, autant que faire se peut, le respect d’une distance d’au moins un mètre entre chaque intervenant. Cela peut notamment passer par la limitation du nombre d’ouvriers et la création d’un plan de circulation.
Mettre à profit les nouvelles technologies
Les technologies, telles que le BIM (Building Information Modeling), permettant de numériser les informations d’un chantier sont de plus en plus accessibles. Dotés de ces nouveaux outils digitaux, les ouvriers peuvent facilement collecter et partager les données avec les diverses parties prenantes. En utilisant également des outils commes les appareils photos de smartphones, des drones ou des robots, les équipes limiteront leurs contacts physiques, tout en améliorant la qualité de leur travail et leurs relations clients. De plus, grâce à des logiciels spécialisés dans le domaine du BTP, la sécurité sur le chantier peut être encore renforcée.
La protection des ouvriers comme préoccupation principale du BTP
Mais avant tout autre chose, il est impératif que les mesures pour la reprise d’activité garantissent la protection des intervenants, et tout particulièrement des ouvriers. Plusieurs pratiques s’imposent en la matière.
Interdire le travail des personnes à risque
Non seulement les ouvriers doivent être interrogés sur leur état de santé lors de chaque prise de poste, mais ceux présentant un profil « à risque » doivent impérativement être placés en arrêt de travail. Cela concerne notamment les personnes diabétiques, asthmatiques, obèses ou encore celles souffrant d’insuffisance cardiaque.
Veiller au respect des gestes barrières
Au-delà du respect d’une distance minimale d’1 mètre, les ouvriers doivent se laver les mains à chaque changement de poste et a minima toutes les 2 heures. Des mesures barrières essentielles, et ce, bien que certains acteurs du BTP estiment qu’elles pourraient entraîner une baisse de la productivité de l’ordre de 20 à 30 % sur les chantiers².
Encourager le port du masque
Dans l’idéal, l’employeur doit pouvoir fournir des masques adaptés pour l’ensemble des intervenants du chantier. Certaines situations nécessitent d’ailleurs obligatoirement le port du masque et de lunettes de protection, notamment en cas de travail à moins d’1 mètre d’une autre personne ou en cas d’intervention chez un client présentant un risque élevé.
Miser sur la pédagogie
L’information des équipes est indispensable pour les mobiliser et les inciter à adopter ces comportements vertueux. Cela passe principalement par l’affichage des consignes, l’organisation de réunions à l’air libre régulières et la communication de tout éventuel cas détecté auprès des ouvriers.
À noter qu’il est essentiel de ne pas mettre de côté les mesures de sécurité habituelles ! Chaque année, et ce depuis 20 ans³, le secteur progresse en matière de sensibilisation et de gestion des risques. Que ce soit sur le terrain des pratiques sécuritaires ou sur celui des règles sanitaires exceptionnelles, soyez vigilants pour faire cohabiter, en bonne intelligence, l’ensemble des mesures !
Face aux enjeux économiques en présence, l’activité du BTP devrait progressivement revenir à la normale d’ici juillet. Parmi les entreprises encore fermées, 81 % ont d’ailleurs l’intention de reprendre leur activité en mai¹. Pour autant, les doutes concernant l’approvisionnement en masques et le nombre d’appels d’offre semblent encore loin d’être levés…
Article initialement publié le 26/05/2020. Dernière mise à jour le 15/05/2023.
¹ Enquête flash FNTP #3 : Vers une reprise de l’activité ? – FNTP – 2020
² Communiqué de l’Académie nationale de Médecine : Reprise du travail dans le bâtiment et les travaux publics – ANM – 2020
³ Accidents du travail dans le BTP : la tendance à la baisse se poursuit, preventionbtp.fr
Thierry Ducros, Président FFB 34 – « La reprise d’activité dans le BTP ne pourra être que progressive » – La Tribune – 2020