Si loin, si proches : ce que la crise dit déjà de l’organisation du monde d’après
Depuis le 17 mars dernier, notre “être ensemble” n’est plus le même. Le confinement a tout changé et s’il a cristallisé des faiblesses, généré frustrations et souffrances, il a surtout révélé des comportements, des initiatives, un sens du collectif et de la responsabilité que nous n’aurions sans doute même pas cru possibles il y a deux mois. Si loin, si proches.
Je remercie une fois de plus ceux qui nous soignent, nous protègent. Leur rôle est essentiel. Sans eux, la seconde et la troisième ligne mobilisées dans ce combat, pour reprendre l’image si parlante de notre Président, n’auraient même pas lieu d’être. Sans eux, l’entreprise que je dirige et dont j’espère qu’elle contribue – à la hauteur de ses missions et moyens – à cette seconde ligne, ne pourrait être présente aux côtés de l’ensemble des acteurs économiques pour les aider tout simplement à tenir dans la tempête.
Ce combat si important que nous livrons aujourd’hui nous dessine quelques pistes pour demain : si tout a changé, c’est aussi vrai dans la sphère professionnelle. Et certaines de ces transformations sont aussi inattendues que vertueuses.
Les silos sont tombés, ne les reconstruisons pas
L’expérience de télétravail à grande échelle que nous vivons est et sera riche d’enseignements. Si le travail à distance sur une longue durée n’est pas adapté à tous, il n’en reste pas moins que 2 Français sur 3 souhaiteraient le pratiquer plus régulièrement quand la situation se stabilisera. Il faudra évidemment en tenir compte, avec discernement.
Au-delà, c’est toute une culture qui se transforme. Outre une souplesse inédite dans les horaires ou une plus grande autonomie des collaborateurs, la verticalité traditionnelle a laissé la place à une plus grande horizontalité dans l’organisation du travail. Partout, nous sommes engagés dans un moment d’échange permanent, fertile, structurant. Des équipes peu habituées à échanger au quotidien se retrouvent en visioconférence ou sur des boucles WhatsApp inédites. D’autres découvrent pour la première fois l’intimité de leurs collègues ou de leur hiérarchie, tous égaux face à l’apparition impromptue d’un enfant dans le champ d’une webcam. Plus généralement, de nouveaux liens parfois inimaginables hier se créent aujourd’hui. Il faut que ceux-ci perdurent dans les organisations, car ils sont les ferments de la transversalité et du désilotage que tous les décideurs et acteurs économiques appellent de leurs vœux depuis si longtemps. Si loin, si proches…
Tout cela repose bien sûr, comme le dit si bien notre DRH Marie-Claude Chazot, sur une bonne dose de bienveillance managériale. Je crois que celle-ci s’est installée très naturellement avec la distance. Et c’est une bonne nouvelle.
Conservons l’humain au cœur de nos préoccupations
Face aux urgences et aux inquiétudes, le désilotage des services devient une plus grande nécessité. En fluidifiant les processus, il permet à chaque collaborateur d’échanger, de mieux comprendre ce que font les autres, il nous autorise surtout collectivement à avancer dans une seule et même direction. Celle de l’accompagnement des clients. À l’évidence, la crise a de nouveau remis le client au centre de toutes les préoccupations, de toutes les perspectives, de toutes les stratégies.
Chez Sage, nous avons appliqué ce principe dès le premier jour, grâce une mobilisation et une solidarité exceptionnelles de nos équipes. Et je suis admiratif de leurs efforts soutenus dans la durée, qui nous ont permis d’assurer la continuité de notre service, tout en adaptant au mieux notre relation client. Nous n’avons jamais cessé de les accompagner, en maintenant les déploiements prévus quand c’était possible ou en poursuivant nos programmes d’assistance individuelle. Cet accompagnement, nous le devons également en sortie de crise, et c’est pourquoi nous avons déjà anticipé les difficultés du déconfinement progressif. Nous leur devons bien cela.
L’enseignement principal de cette épreuve demeure la puissance de l’humain. Paradoxalement, la crise actuelle lui a même donné un visage. En effet, et je crois que c’est vrai pour toutes les entreprises BtoB au nombre desquelles figure Sage, l’engagement de tous nos collaborateurs repose sur les relations interpersonnelles qu’ils entretiennent avec leur réseau, leur écosystème. Tous ces liens ont repris du sens et de la valeur dans le partage, le collectif, l’empathie. La crise nous a plongés au cœur de ce que l’humain a de plus précieux. Nous devons conserver cette exigence au quotidien.
Stimulons la créativité de nos équipes face à l’inconnu
L’autre dynamique que je constate fait écho aux réflexions de Boris Cyrulnik, le spécialiste de la résilience : “Être résilient, c’est aller vers un nouveau développement.” Pour affronter le déconfinement, il nous faut imaginer d’autres horizons, et nous le constatons partout : malgré les contraintes et les extrêmes difficultés, la créativité ne cesse de nous entourer. C’est vrai de nos collaborateurs qui ne cessent de développer de trésors d’inventivité pour faire face à l’inédit et assurer la continuité d’activité pendant la crise. Tous ensembles, si loin, si proches.
Ce « boom » collaboratif a toutes les raisons de trouver sa place en entreprise. L’objectif, aujourd’hui, n’est plus uniquement d’élaborer des plans stratégiques sur plusieurs années, mais aussi de rendre possible et de mieux accueillir la capacité de résilience et de réactivité à l’imprévisible.
Nous avons inventé une autre collaboration, et j’en ai la conviction, il en restera plus qu’une trace dans le monde d’après. Mieux : quand viendra le temps de retrouver nos locaux professionnels, les expériences de travail en mobilité à grande échelle seront utiles pour faire preuve d’une meilleure résilience face aux probables difficultés économiques et financières à venir. Gérer le monde d’après, un monde ébranlé dans ses fondements par une crise sans précédent, se prépare dès maintenant. Si loin, si proches.