Digitalisation & Tendances

L’environnement des entreprises s’étend très au-delà de leurs limites de propriété !

Environnement : Responsabilité environnementale des entreprises

Planification écologique, économie circulaire ou décarbonation de l’industrie : la protection de l’environnement est la seule véritable cause planétaire qui rassemble tous les pays du monde. Et les entreprises ?
Les entreprises sont là. L’environnement est leur jardin et elles sont déterminées à accélérer dans la restauration de la planète. En effet, le développement durable est certes un impératif vital. Pour certaines, c’est même une obligation de réparation, dans une logique pollueur payeur. Mais la protection de l’environnement est d’abord une source de valorisation et d’innovation pour les acteurs économiques. Cultiver son jardin, pour une entreprise, c’est juste, utile et inspirant !
Cette responsabilité environnementale s’exerce de multiples façons. Chaque filière, chaque activité et chaque entrepreneur dispose de ses réponses propres.
Observons enfin, et je me réjouis de pouvoir y contribuer en tant qu’acteur, que le numérique joue un rôle éminent dans la capacité des organisations à dépasser leur zone de confort. Dans les coulisses de la réduction des transports, de la substitution des matières carbonées ou de l’efficacité des outils de production, on trouve beaucoup de numérique. À la filière digitale d’assumer cette double responsabilité : contribuer fortement à l’élimination du carbone dans l’économie planétaire sans transférer le fardeau dans le fonctionnement des centres de données.

Le réchauffement climatique, grande cause planétaire du 21ème siècle

Le dernier rapport du GIEC¹ est éloquent. Nous autres humains sommes responsables du réchauffement qui affecte notre planète du fait de notre activité. Elle est plus chaude de 1,1 °C depuis la fin du 19ème siècle et les débuts des révolutions industrielles. Le GIEC nous montre surtout que ce petit écart pour l’homme (1°C, après tout) est une catastrophe pour l’humanité. La moitié de la population mondiale, c’est-à-dire 3 milliards et demi de personnes, sont regardées comme « très vulnérables ».
La catastrophe est réelle aujourd’hui, avec son lot de stress hydrique et alimentaire, et absolue demain. Sans renforcement des politiques actuelles, nous dit le GIEC, « le réchauffement pourrait atteindre 3,2 °C d’ici 2100 », avec son lot de dommages irréversibles sur les écosystèmes fragiles, comme les pôles, les montagnes ou les côtes.
L’ONU n’est pas en reste, qui appelle le monde à « enrayer la spirale d’autodestruction » et pointe le risque accru de catastrophes climatiques².
Si les mots ont un sens, il est difficile pour les entreprises d’esquiver leur responsabilité environnementale. Regardons l’incendie en face, comme récemment Carine Kraus³, très applaudie à l’assemblée générale de Carrefour, et prenons tous ensemble les mesures les plus énergiques.

Le numérique, un levier vert et responsable

Pour faire face avec efficacité et constance, la transformation numérique constitue une ressource largement démontrée, mise en œuvre dans de nombreux contextes d’entreprise.
C’est pourquoi j’ai appelé dans un récent manifeste4 à faire des technologies numériques un levier vert, responsable et surtout universel.
Donnons-nous ensemble les moyens de saisir l’opportunité de la transformation digitale pour réduire beaucoup plus fortement notre impact environnemental. Je ne connais pas d’entreprise qui ne fasse pas d’effort. Mais il faut que nous allions vraiment plus loin, aux antipodes du greenwashing. L’éco-conception des produits, dont une étude multi-pays5 indique qu’elle génère une rentabilité moyenne additionnelle de 12 %, doit s’imposer dans toutes les filières.
Agissons en entrepreneurs, les yeux fixés sur des bénéfices concrets et mesurables ! Agissons en entreprises citoyennes, en soumettant nos démarches à des évaluateurs externes intransigeants, par exemple en adoptant la Charte du numérique responsable, proposée par l’Institut du Numérique Responsable, sous le patronage du ministère de l’Environnement et de l’ADEME.
Dans ce mouvement planétaire, je regarde comme impérative notre responsabilité en tant qu’éditeur de solutions. Pour accompagner de façon robuste l’effort de décarbonation des entreprises, l’éco-conception des logiciels mais aussi des services d’hébergement et le développement de fonctions d’objectivation et de mesure des progrès accomplis s’ajoutent à la performance des outils mis à disposition.

Bon pour la planète, bon pour les entreprises

Si les technologies numériques représentent assurément un facteur de performance environnementale, la réputation est un moteur puissant pour soutenir la course de fond contre le réchauffement climatique. En particulier, le statut d’entreprise à mission établi à travers la loi PACTE de 2019 consacre la cohérence et l’engagement des organisations les plus en avance.
On évoque souvent les efforts et quelquefois les succès des plus grandes de nos entreprises. Il me paraît important de souligner que 70 % des entreprises ayant choisi d’exposer leur stratégie vertueuse en adoptant ce statut sont des PME de moins de 50 salariés. Quand d’autres, comme Pocheco6, s’engagent dans des voies radicales pour infléchir le destin. C’est pour que ces pionnières soient rapidement rejointes par des milliers d’autres, qui forment le tissu profond de nos territoires, que nous devons nous battre.
Rendons le combat contre le chauffage climatique gagnable par tous ! Mettons les moyens numériques à la portée de toutes les organisations. Paris valait bien une messe. Je prétends que les accords de Paris valent bien cet effort de dissémination digitale ! Et que les entreprises qui ouvrent la voie méritent amplement notre soutien, notre respect et même nos commandes.

En conclusion, la transition environnementale et la transition numérique sont indissociables. Ou en tout cas interfécondes. Gardons le cap, de manière à alimenter une ultime révolution industrielle, frugale, inclusive mais aussi inventive et, j’ose le dire, joyeuse ! Allons de l’avant en oubliant l’avant. Sachons nous élever sans ajouter de degrés. C’est possible et c’est le GIEC qui le dit. « Une réduction rapide, radicale et immédiate des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs limiterait le réchauffement climatique à 2°C. Une transformation majeure du système énergétique ferait encore gagner 0,5°C ».
Nous, les entreprises, détenons une grande partie des clés. Accélérons !

¹Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – rapport en 3 volets publiés en août 2021, en février et en avril 2022.
²Rapport publié fin avril 2022
³Directrice de l’engagement, membre du comité exécutif du Groupe Carrefour
422 idées pour 2022 au service de la croissance, de la créativité et du développement de nos entreprises
5La profitabilité de l’écoconception : une analyse économique – Institut de développement de produits (Canada) et Pôle Éco-conception et Management du Cycle de Vie (France)
6Les rencontres de l’écolonomie