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Finance Futurists : Comment Michel Balsan maintient la société d’exploitation de la Tour Eiffel en sécurité financière malgré la crise sanitaire ?

Le Finance Futurists est un groupe de dirigeants qui s’adaptent à l’évolution constante induite par le très mouvant monde de la finance.
Plus que des as des chiffres, ils représentent la nouvelle ère de la finance ; celle définie par le passage de l’expertise analytique pure à l’intelligence émotionnelle et de fortes compétences de communication. Aujourd’hui, coup de projecteur sur Michel Balsan, directeur financier à la Société d’exploitation de la Tour Eiffel, sélectionné en tant que membre des Finance Futurists cette année. Il nous confie ce qu’il entrevoit comme futur pour les fonctions de la finance.

Avec plus de quatre décennies d’expérience dans différents domaines dont celui de la finance, on peut légitimement affirmer que Michel Balsan dispose d’une solide expérience de ce secteur. En sus, Michel a une grande expérience des ressources humaines, ce qui rend son profil plus complet que la plupart de ses homologues. C’est la maitrise de ces deux disciplines qui lui permet d’exceller dans un aspect crucial pour une entreprise d’aujourd’hui : la gestion du changement.

En tant que directeur administratif et financier de la société d’exploitation de la Tour Eiffel, qui gère les opérations quotidiennes de l’emblématique monument parisien, Michel a participé à l’augmentation du chiffre d’affaires, mis en place le contrôle de gestion stratégique et amélioré la performance de la société depuis 13 ans. Depuis 2015, il pilote la trésorerie, le budget, les besoins financiers globaux et les systèmes d’information de la Tour Eiffel.

Nous avons récemment échangé avec Michel sur son impressionnante et vaste expérience dans les domaines de la finance et des ressources humaines, de l’impact de la technologie sur le monde de la finance et de la supervision des flux de trésorerie pour l’une des destinations touristiques les plus populaires au monde.

Comment avez-vous commencé votre carrière dans la finance, et qu’est-ce qui vous a séduit ?

Michel Balsan : Je travaille dans la finance à différents titres depuis plus de 40 ans, avec au départ une formation d’ingénieur. J’ai rejoint Air France en 1981 et suis devenu responsable du département RH en 1988. Parallèlement, je suis diplômé de l’INSEAD et titulaire d’un master de l’université de Californie à Berkeley.

J’ai quitté Air France en 1998 pour devenir directeur des opérations maritimes et des ressources humaines chez Brittany Ferries. En 2000, j’ai rejoint la SNCM où j’ai été directeur des ressources humaines et directeur des opérations maritimes. En 2006, j’ai rejoint la Société d’Exploitation de la Tour Eiffel en tant que DRH et directeur des opérations, et depuis 2015, je suis directeur administratif et financier en charge des finances et des systèmes d’information.

J’aime innover et créer. Ce qui m’a attiré vers chacune de ces missions, c’est la création des postes qui m’étaient confiés. J’aime les modèles mathématiques, les simulations et l’innovation tout en gardant les pieds sur terre, et ne jamais oublier que le facteur humain est primordial. Être directeur financier, c’est être très innovant et réfléchir à des solutions qui peuvent parfois sortir de l’ordinaire. Je ne m’ennuie jamais dans la finance.

Au cours de votre carrière, quelle est l’initiative ou la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Michel Balsan : Nous avons mis en œuvre le projet Sage FRP 1000 en respectant le budget, les délais et sans aucune perturbation sociale de quelque nature que ce soit – même si cela a eu un impact sur tous les employés. Je suis fier de ce projet qui répond à nos objectifs. En moins de quatre ans, la fonction financière a été complètement modernisée.

La technologie joue un rôle de plus en plus important dans la modernisation de la fonction finance. Selon vous, quel est l’impact le plus important de la technologie sur la finance aujourd’hui ?

Michel Balsan : Je dirais, la gestion de la technologie. Un outil reste un outil. L’outil ne dispense pas l’équipe d’une certaine dose de réflexion. C’est à l’humain de faire la recherche. L’outil est simplement un moyen qui nous permet de faire des simulations rapides.

De nombreuses industries ont connu des difficultés au plus fort de la pandémie de COVID-19. Comment vous êtes-vous adapté à son impact économique ?

Michel Balsan : Nous avons été confinés à partir du 14 mars, dans l’urgence. Près de 60 personnes se sont retrouvées en télétravail du jour au lendemain. Heureusement, nous étions préparés et la plupart étaient déjà équipés d’ordinateurs portables avec accès à distance à nos serveurs. L’un des premiers enjeux était de respecter les délais avec nos fournisseurs, et nous avons réussi à maintenir nos délais moyens de paiement.

Le système mis en place a permis la mise sous contrôle de nos commandes. Nous avons également réalisé des projections financières assez rapidement grâce aux outils mis en place. Cela nous a permis de nous rendre compte que nous allions avoir des problèmes de trésorerie en 2020 mais aussi en 2021, puisque 85% de nos clients viennent de l’étranger. Ma préoccupation pendant et après la pandémie est de trouver, en liaison avec nos actionnaires, des liquidités et de m’assurer que l’entreprise continue à fonctionner le mieux possible. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons très vite contracté un prêt garanti par l’État avec l’aide de notre banquier

Face à cette pandémie, quelles sont les compétences qui, selon vous, deviendront primordiales pour les professionnels de la finance ?

Michel Balsan : Avant la pandémie, j’avais coutume de me dire : « Je suis un directeur financier heureux, je n’ai pas de problèmes de trésorerie ». La société d’exploitation de la Tour Eiffel était une entreprise profitable, avec un chiffre d’affaires de 100 millions par an. Le défi que je dois maintenant relever est de gérer les problèmes de trésorerie et, par conséquent, trouver des solutions innovantes. Il faudra faire preuve de créativité, d’adaptabilité et d’anticipation. Mais c’est la nature de la finance.

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