Management éthique : faisons de 2021 l’année du mieux-être au travail
L’une des priorités de la nouvelle année consistera à bien gérer les conséquences psychologiques des événements de 2020. Les « effets collatéraux humains » du télétravail, par exemple, peuvent ainsi être très préoccupants. Fin 2020, d’après le dernier baromètre sur l’état psychologique des Français en temps de Covid-19 réalisé par Opinion Way, près de 49% […]
Prioriser l’humain pour bâtir une stratégie de reprise durable
Cela suppose en premier lieu d’oser penser à rebours des réponses RH classiques et poser, ensemble, les bases d’une approche plus durable : cela passe par la prise en compte du facteur humain dans l’équation de la reprise. Sans attention portée à nos ressources vivantes, aucun élan de croissance ne sera possible ou pérenne. Rappelons que le lien entre bien-être des salariés et performance a été démontré par diverses études et qu’il se traduit par une baisse de l’absentéisme et une augmentation de la créativité et de la productivité. Par ailleurs, le regard des salariés sur le travail a lui-même changé : plus d’un salarié sur deux ne voit plus son travail de la même manière¹. En effet, l’expérience collaborateur s’est considérablement transformée : télétravail et flexibilité sont certes souvent salués, mais sont aussi des sources de souffrance manifestes pour certains, dont il faut nécessairement tenir compte. Alors que les repères liés au travail s’effritent, les attentes des salariés vis-à-vis de leur employeur évoluent : 81 % des salariés font du bien-être au travail un enjeu prioritaire. Nous devons donc inventer les outils et les méthodes pour répondre à ces besoins.(Re)inventer le management : une réponse clé face au désengagement
En premier lieu, il me semble primordial d’instaurer de la « sérénité psychologique » dans ce contexte professionnel inédit. Issue des recherches d’Amy Edmondson, professeure en leadership à la Harvard Business School, cette notion établit une corrélation positive entre sérénité psychologique, innovation, croissance et performance. Cette dynamique s’amorce en impulsant un changement culturel d’envergure concernant la santé et le bien-être au travail auprès de tous les acteurs de l’entreprise. C’est là où les démarches de qualité de vie au travail (QVT) et de RSE se rencontrent, et peuvent s’inspirer de nouvelles perspectives managériales :Poser les bases d’une culture interne fondée sur l’éthique
Dans le contexte de la crise de la Covid-19, l’intérêt des salariés se porte non seulement sur des sujets sociaux, économiques mais aussi éthiques. 37 % des salariés considèrent que l’éthique est un sujet prioritaire pour leur entreprise (vs 33 % en 2019). Le management doit en être le relais principal grâce à des pratiques plus humanistes et une exemplarité sans faille. Le défi pour chaque manager est de veiller au respect de la dignité individuelle, sans pour autant perdre de vue la productivité de l’entreprise. Mais cette visée vers l’entreprise plus responsable me semble possible si toute organisation se réfère à des valeurs partagées. J’en note quatre indissociables :- L’équité pour éviter les ruptures de confiance entre salariés et employeur
- L’honnêteté des managers en adoptant des comportements plus cohérents
- La transparence grâce à une communication moins intermédiée
- Le respect de la dignité humaine en priorisant le bien-être du salarié… quelles que soient les décisions économiques.
Choisir un management healthy pour un ancrage durable du bien-être
Selon moi, une application prometteuse et concrète de l’éthique au sein des entreprises est celle du management healthy. Un concept passionnant décrit par Jean-Charles Samuelian-Werve, le créateur d’Alan, dans son ouvrage « Healthy Business ». Son credo ? Réenchanter les salariés grâce à une expérience de travail unique qui se fonde sur trois piliers principaux : la valorisation de l’échec, la suppression des réunions et la transformation des managers en véritables coachs. C’est une dose d’inspiration pour nous DRH !Nos 4 engagements healthy pour 2021 : bien-être, efficacité et prévention santé
Sans prendre au pied de la lettre tous ces enseignements, certains me semblent pertinents et permettent d’initier les premiers changements pour bâtir l’entreprise du « monde d’après ». Je m’engage donc dans cette transformation « healthy » de notre écosystème autour de quatre axes QVT :- La sacralisation de certains moments dans la semaine : à l’heure des organisations hybrides, il faut absolument capitaliser sur notre énergie en respectant les temps collectifs pour en faire des leviers de créativité. Voilà pourquoi nous sanctuarisons l’heure des repas, où l’organisation de réunions est découragée et nous incitons les collaborateurs à utiliser le vendredi après-midi comme plage de développement professionnel.
- L’encouragement de la pratique sportive au travail, ou au moins sur les horaires dédiés au travail : « Les femmes et les hommes constituent la première ressource stratégique de l’entreprise²». Il est donc urgent d’instaurer une nouvelle approche de la prévention santé grâce à la pratique sportive au travail. Un investissement en phase avec les attentes des salariés : 80% en sont demandeurs³. A terme, nous souhaitons même déployer dans le courant de l’année “les réunions en marchant”, qui favorisent la créativité et la liberté de parole – j’y reviendrai en temps voulu.
- La modification de la culture d’entreprise pour valoriser le bien-être : le changement durable ne pourra s’opérer sans la mise en place d’une approche globale de la santé psychologique des collaborateurs. C’est pourquoi, une communauté interne de relayeurs aura pour mission de prendre soin d’eux. Ces « relayeurs » auront la charge de maintenir une forme de proximité informelle, d’écouter avec bienveillance et d’orienter vers le dispositif de soutien le plus adapté.
- Le développement du management par le rire : au cœur de cette approche globale, il est important de nous appuyer sur le pouvoir libératoire du rire, dont les effets sur le bien-être ne sont plus à prouver4. Bien entendu, l’humour ne se décrète pas, mais encourager l’autodérision et les séances de rire collectif renforcent les liens, diminuent le stress et encouragent également la créativité.