Gestion Financière

Quelle supply chain pour la reprise d’activité ?

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La remise à plat de sa stratégie de supply chain est un chantier immense pour l’entreprise, engagée dans la double transition digitale et environnementale.

La crise du Coronavirus est venue révéler à la fois :

  • L’importance stratégique de la robustesse de la supply chain pour résister au premier choc de l’épidémie
  • Le besoin de lancer le chantier de l’après-Coronavirus pour imaginer une supply chain transformée en profondeur

Industriels, entreprises de services ou acteurs de la distribution, trois chantiers doivent être lancés pour éliminer les fragilités structurelles de la supply chain :

  • Une réévaluation de la gestion des risques fournisseurs
  • Une reconfiguration de l’architecture de votre supply chain
  • Une actualisation du système d’information

La supply chain dans l’après-coronavirus : réévaluer la gestion des risques

La crise du Coronavirus est aussi une crise de l’absence de diversité. La spécialisation des productions au niveau de quelques acteurs et au niveau de quelques régions du monde – voir d’une seule – a certainement vécu dans sa phase extrême. Ce nouvel enjeu s’ajoute aux défis « traditionnels » de la supply chain.

L’épidémie est venue démontrer que le prix à payer pour une trop grande dépendance est exorbitant :

  • Elle induit une perte de la souveraineté économique ; les entreprises européennes ont subi l’arrêt des livraisons chinoises avant même l’arrivée du Covid-19 sur le continent
  • Elle empêche les acteurs de mettre en œuvre des stratégies de contournement du fait même de l’éloignement des capacités et des savoir-faire

Cet enseignement de la crise partagé par tous les observateurs doit se traduire désormais dans l’élaboration des matrices de maîtrise des risques¹.

À tout le moins, on pourrait s’attendre à ce que la sécurisation de la supply chain s’enrichisse de critères tels que :

  • Le risque de dépendance technologique
  • Le risque de dépendance géographique
  • Le risque de dépendance économique

La crise du Coronavirus a démontré à l’envi la puissance sclérosante de la conjugaison des trois risques. Et a contrario l’importance de disposer des moyens d’analyse et de simulation pour détecter quand il est temps qu’une situation est susceptible de blocages rapides, puissants et insurmontables en cas de crise.

La supply chain dans l’après-coronavirus : reconfigurer son architecture

La deuxième révolution à conduire concerne l’architecture de sa supply chain. À partir du moment où le risque de la dépendance est avéré, il va de soi que tout doit être fait pour recouvrer son autonomie d’action.

Pour un industriel, la réflexion doit porter sur deux aspects :

  • La relocalisation en Europe de la production de ses composants les plus stratégiques
  • L’intégration de davantage de production ; c’est aussi un enseignement de la crise : les industriels qui ont pu le mieux amortir le choc et/ou organiser leur rebond le plus rapidement étaient aussi ceux qui avaient la main sur leur outil de production

L’agilité du système d’information, mise à l’épreuve au cœur de la bataille, sera alors à nouveau challengée.

Pour un acteur de services intellectuels, la contrainte au cœur de la crise a été d’identifier très vite les missions à prioriser en y affectant les équipes disponibles.

Pour demain, il y a fort à parier que les habitudes digitales prises pendant la crise vont durablement changer les relations de travail :

  • Pour les collaborateurs, intéressés à poursuivre l’expérience du télétravail, hors confinement et à temps partiel
  • Pour les clients, séduits par l’efficacité et la simplicité du service à distance

Des solutions robustes de management des entreprises de services, intégrant une gestion du business à l’affaire, ne pourront que séduire ces acteurs.

L’autonomie d’action, pour un logisticien ou un distributeur, viendra sans doute de la puissance de sa capacité d’analyse.
Ce fut démontré au plus fort de la crise, cela restera vrai demain. En effet, des ressources pour anticiper les comportements des acteurs seront précieuses pour aller au plus vite et bien dimensionner les besoins :

  • Monter en puissance le drive
  • Développer des services autour de la logistique du dernier kilomètre
  • Trouver très vite des stocks sur des produits soudain aussi anodins jusqu’alors que le gel hydro-alcoolique

L’intelligence artificielle et la robotisation des tâches de gestion devraient demain prendre plus de place dans le dispositif de ces acteurs attachés à réagir vite, à bon escient et à la bonne échelle.

La supply chain dans l’après-coronavirus : actualiser son système d’information

Les systèmes d’information des entreprises sont globalement conçus pour fiabiliser la gestion. Pas assez encore pour partager et accélérer la prise de décision.

L’ultime leçon de la crise du Coronavirus est peut-être la nécessaire évolution de l’ergonomie des systèmes dans le sens de la lisibilité immédiate des informations.

Lire directement sur une carte la position des fournisseurs n’améliore pas seulement l’expérience utilisateur. Cette facilité accélère également la prise de conscience du problème éventuel et dicte les moyens d’y remédier.

Agir vite, c’est d’abord comprendre et faire comprendre vite !

En conclusion, l’accélération depuis quelques années de la transformation de la supply chain dans le sens d’une plus grande robustesse et d’une plus grande agilité a permis d’éviter le pire aux organisations en pleine crise du Coronavirus.

Pour autant, l’épidémie de Coronavirus a révélé des fragilités systémiques dans l’organisation logistique des entreprises, tous secteurs confondus. Le moment viendra très vite de questionner notamment l’allongement et la dispersion de la supply chain pour dessiner la stratégie de l’après-Coronavirus.

¹Le Coronavirus, un accélérateur de la robustesse des chaînes logistiques – Les Échos/16 mars 2020