Face aux enjeux climatiques, la réduction des gaz à effet de serre (GES) devient une priorité pour les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité. Entre obligations réglementaires et responsabilité sociétale, elles doivent adapter leurs pratiques en optant pour des solutions énergétiques durables et des modèles économiques plus sobres.
- Gaz a effet de serre (GES) : définition
- Les principales obligations réglementaires pour les entreprises
- Six leviers pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
Qu’est-ce qu’un gaz à effet de serre ?
Le gaz à effet de serre est un composé gazeux présents dans l’atmosphère qui contribuent au réchauffement climatique en piégeant la chaleur du soleil. Parmi les GES figure majoritairement le dioxyde de carbone, mais aussi le méthane et le protoxyde d’azote, issus de diverses activités humaines.
Leur concentration croissante entraîne des perturbations climatiques majeures, telles que la montée des températures, l’élévation du niveau des mers et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.
Certaines filières contribuent de manière particulièrement marquée aux émissions de gaz à effet de serre :
- La production et la distribution d’énergie à partir de sources fossiles
- L’industrie lourde (sidérurgie, chimie de base, production de ciment…)
- Le transport (principalement routier et aérien)
- L’agriculture et l’élevage
- Le secteur du bâtiment
- Le numérique.
Les principales obligations réglementaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
Le bilan GES réglementaire
Selon le Code de l’environnement, les entreprises de plus de 500 salariés en métropole (250 en Outre-mer) ont l’obligation de réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES) tous les quatre ans.
Ce bilan doit couvrir les émissions directes (scope 1) et les émissions liées à la consommation d’électricité et de chaleur (scope 2). Depuis 2023, les émissions indirectes (scope 3) doivent également être partiellement prises en compte.
En cas de non-respect, l’entreprise s’expose à une amende pouvant aller jusqu’à 10 000 euros, et 20 000 euros en cas de récidive.
La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)
Conformément à la CSRD, les grandes entreprises (comptant plus de 250 salariés ou dépassant certains seuils financiers) devront publier un rapport extra-financier très structuré, couvrant l’ensemble de leurs impacts environnementaux.
Ce rapport inclue notamment les émissions de gaz à effet de serre sur les trois scopes, les objectifs de réduction fixés par l’entreprise et leur cohérence avec les objectifs climatiques européens. Ces informations devront être publiées selon des standards européens (ESRS) et feront l’objet d’une vérification externe.
La Loi Énergie-Climat
Selon l’article 29 de la loi Énergie-Climat, les investisseurs institutionnels, comme les compagnies d’assurance ou les gestionnaires de fonds, doivent publier des informations sur la manière dont ils intègrent les enjeux climatiques, y compris l’empreinte carbone de leurs portefeuilles et leurs engagements de décarbonation.
Le marché européen du carbone (EU ETS)
Les marchés carbone, également appelés systèmes d’échange de quotas d’émissions (SEQE) ou Emissions Trading Schemes (ETS) visent à atteindre des objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES). Depuis 2005, l’Union européenne a mis en place un marché du carbone, le SEQE-UE 1 (ETS 1), qui couvre les émissions de la grande industrie, les secteurs énergétiques, l’aviation et le maritime.
Le SEQE-UE 2 (ETS 2), adopté en 2023 par l’Union européenne, est un nouveau marché carbone qui démarrera en 2027 et qui couvrira les émissions de CO2 des énergies fossiles utilisées dans les secteurs du transport routier, du bâtiment, de la construction et de la petite industrie.
Six leviers pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des entreprises
Afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de se conformer aux exigences réglementaires, les entreprises peuvent mettre en place différentes initiatives.
1. Décarboner l’énergie utilisée
Remplacer les énergies fossiles par de l’électricité issue de sources renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) et utiliser de la chaleur bas carbone permet de réduire fortement les émissions directes.
L’efficacité énergétique reste un levier clé : en rénovant les bâtiments, en modernisant les équipements et en récupérant la chaleur fatale, les entreprises diminuent leur consommation globale d’énergie.
2. Optimiser les procédés industriels
Les industries peuvent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en repensant leurs procédés de production. Cela passe, par exemple, par l’abaissement des températures nécessaires à certaines étapes, l’électrification des machines ou l’utilisation d’hydrogène à faible empreinte carbone.
Dans les secteurs très émetteurs comme le ciment ou la sidérurgie, des technologies comme le captage et le stockage du CO₂ deviennent incontournables.
Enfin, adopter une logique d’économie circulaire – en recyclant davantage et en limitant les pertes de matière – permet de réduire les besoins en ressources et l’impact global.
3. Réduire les émissions liées aux transports
L’électrification des flottes, le recours aux biocarburants ou à l’hydrogène permettent de baisser l’empreinte carbone des déplacements professionnels et logistiques.
En parallèle, optimiser les trajets et développer des alternatives comme le télétravail ou le covoiturage des collaborateurs contribue à réduire les émissions indirectes.
4. Agir sur les achats et la chaîne de valeur
En intégrant des critères environnementaux dans leurs choix d’achats, les entreprises peuvent diminuer leur impact indirect, notamment celui lié aux matières premières ou aux fournisseurs.
L’éco-conception des produits, combinée à une analyse du cycle de vie (ACV), permet d’identifier les étapes les plus émettrices et d’agir en conséquence.
5. Réduire les émissions agricoles ou liées au vivant
Pour les entreprises agricoles et alimentaire, adopter des pratiques agricoles plus sobres, réduire l’usage d’engrais azotés et préserver les écosystèmes permet de limiter les émissions de méthane et de protoxyde d’azote. Ces actions ont aussi un effet vertueux sur la biodiversité et les sols.
6. Mesurer, piloter, embarquer
La première étape consiste à mesurer précisément ses émissions via un bilan carbone, pour ensuite bâtir une stratégie climat alignée sur des référentiels exigeants comme la SBTi.
Impliquer la direction, former les collaborateurs et suivre les résultats dans le temps est indispensable pour ancrer l’action dans la durée.
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