Saison 2 : Améliorer la productivité de vos collaborateurs
La force de la vulnérabilité, atout majeur du leadership incarné
Au XVIe siècle, les Japonais développèrent une technique dite du Kintsugi, « jointure en or », pour réparer les céramiques brisées. Cette pratique consistait à rendre visibles les réparations avec un mélange de laque saupoudrée de poudre d’or. En dévoilant ostensiblement ses fêlures, l’objet n’en acquerrait que plus de valeur. Dans le monde du leadership, admettre sa vulnérabilité est souvent perçu comme un signe de faiblesse, une faille à dissimuler, pourtant de plus en plus de leaders reconnaissent sa force pour créer un climat de confiance solide entre le manager et ses collaborateurs.
Vulnérabilité, socle de la confiance organisationnelle
Admettre sa vulnérabilité en tant que leader implique une ouverture émotionnelle et une certaine honnêteté, dans le regard porté sur ses propres limites et ses craintes. Lorsqu’un leader montre qu’il n’est pas invincible, il humanise sa présence et rend les membres de l’équipe plus à l’aise pour exprimer leurs propres vulnérabilités. Cela crée un espace propice à la prise de risque, donc à l’innovation et à l’engagement collectif tourné vers des objectifs communs.
Cette ouverture favorise également un meilleur partage d’informations au sein de l’équipe, permettant une prise de décision plus éclairée et collective. Les membres de l’équipe se sentent en confiance pour exprimer leurs opinions, même si elles diffèrent de celles du leader, créant ainsi un environnement riche en diversité d’idées et en créativité. De plus, la vulnérabilité contribue à créer une culture d’apprentissage et de croissance au sein de l’organisation. Lorsque le leader admet qu’il ne sait pas tout et qu’il est prêt à apprendre des autres, il encourage également ses collaborateurs à chercher continuellement à s’améliorer et à se développer. Enfin, la vulnérabilité du leader inspire et motive les membres de l’équipe. En admettant leur vulnérabilité, les leaders peuvent véritablement créer un climat propice à la réussite collective et à la croissance durable de l’organisation. Cependant, une étude a révélé que seulement 21 % des employés déclarent que leur dirigeant partage toujours ouvertement les défis et peurs auxquels ils sont confrontés.
La peur : le moteur de la vulnérabilité
Une peur des plus courantes chez de nombreux leaders est celle de l’échec. Cependant, admettre cette peur et l’associer à sa vulnérabilité peut en faire un moteur inarrêtable. La peur relève l’importance d’un enjeu et peut nous pousser à donner le meilleur de nous-mêmes pour réussir. En partageant cette peur avec son équipe, on montre que l’on se soucie réellement de ses résultats et de sa performance. Cela crée un sentiment d’engagement et d’investissement mutuel, les membres de l’équipe se sentant impliqués, dans la réalisation des objectifs communs, autant que dans le processus décisionnaire. Admettre sa vulnérabilité est alors un pont qui transforme la peur de l’échec en un levier de motivation et de réussite. Personnellement, je n’aurais jamais pu me mesurer aux plus grandes équipes du monde sans cet état d’esprit.
Affronter les All Blacks et leur Haka cérémoniel a suscité chez moi une question lancinante : que ressent-on lorsque l’on se mesure à la légende ? La réponse est simple : c’est effrayant. Pourtant, au fond de moi, je savais que nous encaisserions autant de coups qu’eux. Si je n’avais pas fait face à cette peur, les All Black auraient pu me paralyser et me terrasser avant même le début du match. J’ai compris que cette peur pouvait être saine, une source de réussite. Il n’est pas question de craindre les coups ni la douleur – après tout, c’est du rugby – , mais plutôt de regarder cette peur de perdre dans les yeux, peur de subir l’humiliation alors que je représentais la France. Cette peur est saine, tout à fait saine : l’adrénaline, le stress, le trac…. autant de signaux qui me rappellent l’importance de l’événement, me poussent à donner le meilleur. Sans cette appréhension, je ne pourrais pas prendre de bonnes décisions ou de risques mesurés. Si j’entre sur le terrain de rugby ou en réunion d’affaires sans avoir peur, alors c’est certainement que je ne suis pas prêt. J’affronte désormais cette peur avec courage, en reconnaissant qu’elle est normale et nécessaire. Cette peur devient mon moteur pour mobiliser mon équipe, renforcer notre engagement et trouver ensemble des solutions créatives pour surmonter les défis.
Pour Brené Brown, chercheuse en sciences humaines et sociales, « la vulnérabilité ne consiste pas gagner ou perdre ; c’est avoir le courage d’être là, debout, lorsque nous n’avons aucun contrôle sur ce qu’il va arriver. La vulnérabilité n’est pas une faiblesse ; c’est notre plus grande mesure de courage. » Aujourd’hui, plus que jamais, admettre sa vulnérabilité est nécessaire : les enjeux auxquels les entreprises sont confrontés sont mouvants, complexes et imprévisibles. Dans ce cadre, les relations humaines prennent une place essentielle. Accepter et admettre sa vulnérabilité, c’est permettre, en tant que leader, de se connecter authentiquement avec ses équipes et de créer un environnement de confiance et d’ouverture. À la clé, davantage d’engagement des collaborateurs et une plus grande résilience dans un monde changeant.
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