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Parole de dirigeants – Comment Pocheco invente l’écolonomie

Comment Pocheco invente l'écolonomie

Fabricant d’enveloppes de gestion à l’origine, Pocheco explore depuis 20 ans une voie inédite de diversification. En effet, l’entreprise allie une transformation économique nécessaire à une transformation écologique essentielle. C’est la démarche imaginée et appliquée avec constance par Emmanuel Druon, son dirigeant, sous le nom d’écolonomie.
Élodie Bia anime OUVERT, la marque qui fédère au sein de Pocheco les activités de conseil nées de l’envie de partager cette expérience inédite. Elle raconte cette histoire d’entreprise exemplaire…

Au départ, un besoin d’agir

Pocheco fabrique depuis 90 ans des enveloppes en papier à usage de gestion, à raison aujourd’hui de 800 millions d’unités par an. Mais depuis 20 ans, l’entreprise s’est transformée. En particulier, la production d’enveloppes n’est plus l’unique compétence de Pocheco.

Élodie Bia pousse les portes de l’entreprise. « Sur les 68 collaborateurs de Pocheco, seulement 35 relèvent encore de l’activité historique de l’entreprise. 15 personnes animent GOPOST, une société de services d’éditique pas si éloignée du métier originel. En tout cas complémentaire au sens classique. Tous les autres, nous intervenons à travers de nouveaux savoir-faire, 3 dans le maraîchage, 3 dans la formation aux méthodologies RSE et 12 dans le conseil en écolonomie ».

La diversité de son offre est le fruit d’un besoin d’adaptation autant que d’un désir de réinvention continue. Élodie Bia poursuit « Nous sommes en reconversion permanente. Le sens de notre projet est de partir de l’existant pour inventer la suite, avec l’idée de limiter les risques de l’entreprise et de nous adapter aux changements, climatique comme sociétal. Et d’inventer la suite avec l’équipe en place, les gens en place, les métiers en place ».

Pocheco agit sur tous les leviers, les processus, les compétences, l’organisation, pour travailler à sa pérennité. Ses deux valeurs de référence sont la robustesse et l’agilité. « Depuis 25 ans, nous avons connu de nombreuses crises, des difficultés économiques, un incendie, la pandémie. Ce qui importe, c’est que nous constituons un corps vivant, une équipe soudée. Et plus c’est difficile, plus nous sommes soudés », ajoute Élodie Bia.

Pocheco reste pour tous l’entreprise de référence. Chaque activité créée en son sein est une marque. Ce qui peut être mutualisé l’est, comme la comptabilité, la gestion des talents mais aussi la Direction des Ventes. Élodie Bia explique que « derrière cette organisation, il y a l’idée que nous constituons entre nous, mais aussi avec nos clients et avec nos fournisseurs, un maillage riche et complexe, où chacun est convaincu de la valeur de la remise en question permanente et de la puissance de l’ouverture aux autres. Nous donnons ainsi tous ensemble une formidable agilité à notre communauté. Rien n’est figé mais tout est robuste !»

L’écolonomie, un aiguillon puissant et fédérateur

La transformation permanente de son objet économique n’est qu’un des aspects de la révolution engagée par Pocheco. Élodie Bia poursuit sa présentation. « Quand Emmanuel Druon parvient à la tête de l’entreprise, il y a 25 ans, Pocheco ne va pas bien. Il décide de remettre à plat 100 % de son fonctionnement, pour expérimenter grandeur nature sa vision écolonomique du monde, où l’argent n’est plus la finalité de l’entreprise mais un moyen d’entreprendre ».

Une première série d’actions porte sur l’amélioration des conditions de production de l’entreprise. L’accent principal est mis sur la suppression de tous les produits toxiques, au profit de matières premières plus écologiques, comme des papiers issus de forêts gérées durablement, des encres et des colles à l’eau ou encore des emballages consignés. Au tout début des années 2000, l’écoconception de ses enveloppes fait déjà la différence de Pocheco.

Car le fil conducteur de la démarche est la rationalité économique des actions engagées. Nul romantisme dans l’écolonomie mais un solide bon sens et un regard global où un bienfait est toujours payé. C’est ce que démontre aisément Élodie Bia. « Les nouvelles matières premières ont un prix d’achat plus élevé mais le bilan économique est plus intéressant grâce à la simplification des conditions de stockage, de manipulation et d’usage. Par exemple, l’obligation extrêmement coûteuse de dépollution des eaux usées via une prise en charge externe est remplacée par une phyto-épuration sur le site avec des bambous ».

10 ans plus tard, c’est le site de Pocheco lui-même qui fait l’objet d’une profonde restructuration. Par exemple, les eaux pluviales sont récupérées dans des cuves et utilisées pour laver les machines et diluer les encres, une chaufferie bois remplace la chaufferie au gaz, les toitures sont végétalisées et les sols sont perméabilisés.

Le résultat de cette deuxième grande étape de travaux est ici encore au rendez-vous. « Notre bilan carbone est aujourd’hui négatif de 50 000 tonnes par an, nous économisons 40 000 euros de gaz et le coût des assurances a baissé. Un puits de lumière pratiqué dans le toit améliore le confort des opérateurs et baisse le coût de l’éclairage. Une meilleure isolation thermique fait baisser le coût du chauffage », souligne Élodie Bia.

Aujourd’hui, Pocheco poursuit sa mue à travers de nouveaux projets, dont le moindre n’est pas le lancement de l’activité de maraîchage sur les terrains libérés et reperméabilisés. Élodie Bia s’amuse du fait que l’évolution s’est faite en partie naturellement, comme une évidence. « Le service d’entretien des abords du site par 3 agriculteurs salariés s’est transformé progressivement. En faisant des espaces verts des espaces comestibles, Pocheco est la première usine au monde à intégrer un corridor de biodiversité. Et ce n’est pas fini ! Nous élevons 50 poules depuis un an et nous recherchons 10 hectares pour développer la partie agricole ».

Ce rôle de pôle de transition endossé par Pocheco avec enthousiasme est indissociable de son territoire. « Les Hauts-de-France portent une tradition de diversité sociale et culturelle dont nous héritons. Cet écosystème citoyen et polyculturel est aussi à la source de notre projet. Par exemple, nous mettons nos salles de réunion à la disposition du conseil municipal de notre commune ou de l’école. Tandis qu’un bâtiment en cours de rénovation sera ouvert comme tiers lieu en 2022, abritant un café, un restaurant et une salle événementielle, susceptible d’accueillir des projections et des expositions », se félicite Élodie Bia.

Une constante, la volonté de méthode

Ce qui caractérise la vision du changement portée par Pocheco, c’est le respect de l’existant et le souci d’embarquer tout le monde. Élodie Bia résume avec netteté le fondement de l’écolonomie. « Nous ne sommes pas sur une démarche parallèle à la réalité de l’entreprise. À une rupture schumpetérienne (l’innovation qui détruit), avec des gagnants et des perdants, nous opposons une rupture inclusive (l’innovation qui transforme), avec uniquement des gagnants. Nous misons pour cela sur la low tech, que chacun a le temps et la possibilité de s’approprier. Nous nous donnons le temps qu’il faut en anticipant au maximum et en nous faisant confiance ».

« Notre exemplarité ne réside pas dans ce que nous avons produit, reprend Élodie Bia, qui de toute façon et par définition est amené à changer, mais dans la façon dont nous fonctionnons. On vient nous voir parce que l’aboutissement concret de nos aspirations prouve que c’est possible. Même avec peu de moyens financiers à consacrer et surtout une recherche patiente de résultats sur un axe triple, où chaque branche a une valeur égale :

  • Baisse de la dangerosité et de la pénibilité des postes
  • Baisse de l’impact de l’activité sur l’environnement
  • Gains de productivité ».

Ces résultats, encore faut-il pouvoir les anticiper, les mesurer et les partager. Le digital soutient dans cette perspective l’engagement des femmes et des hommes de l’entreprise. « Nous avons choisi notre ERP Sage X3 en 2005. Nous y sommes fidèles depuis lors. Notre volonté était de bénéficier d’un système d’information unifié pour éviter les erreurs aux interfaces. C’est ce que nous avons obtenu, bien accompagnés par Kardol », constate Élodie Bia, qui fait part d’une réflexion en cours à propos d’une montée de version. « Celle-ci rapprocherait l’entreprise du temps réel et automatiserait la production de ses tableaux de bord ».

Elle ajoute. « Le projet qui entoure le choix d’un ERP fait partie de notre processus de transformation. En effet, même si nous avons refusé que la technologie prenne le pas sur notre singularité, adopter un ERP nous a donné l’opportunité de questionner nos modes de fonctionnement. De ce point de vue, l’adoption de Sage X3 et la rigueur attachée à son déploiement font partie de notre histoire ».

Pour Pocheco, le projet est tout simplement de continuer. Continuer à proposer du travail et du bien-être au travail à ses salariés sur son site de Forest-sur-Marque, continuer à être utile à des clients qui trouvent de la valeur à ses offres, continuer à inter-agir avec des fournisseurs qui en valent la peine, continuer à apporter à ses voisins proches ce que l’entreprise considère comme une juste compensation à sa présence industrielle.

« Nous souhaitons continuer à incarner le changement par la démonstration. Et tranquillement rappeler les termes de l’équation. Le changement nécessite un temps long, une approche sérieuse et raisonnée mais tout le monde y gagne. À commencer bien sûr par l’entreprise. Pocheco a investi 10 millions d’euros en 20 ans pour gagner 15 millions d’euros. Avec un retour sur investissement de 7 années », conclut Élodie Bia.

 

Le retour d’expérience des utilisateurs de Sage X3 est précieux pour prendre la mesure de la richesse fonctionnelle de la solution.
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