Maîtrise du risque de change : pourquoi digitaliser ?
Parmi toutes les conséquences de la guerre en Ukraine, l’augmentation du risque de change s’impose à l’agenda des entreprises. Au moins de celles, nombreuses, dont l’euro n’est pas la seule monnaie de référence.
En effet, le risque de change expose les entreprises de multiples manières : dans la valorisation de leurs exportations et importations réglées en devises, dans leur compétitivité relative sur le marché mondial et dans leurs investissements financiers hors zone euro. C’est pourquoi la couverture du risque de change est un enjeu majeur pour toute entreprise ayant vocation à participer d’une façon ou d’une autre à la globalisation de l’économie.
La couverture du risque de change repose sur deux piliers : la capacité à connaître en temps réel la nature des expositions (montant, monnaie de référence, échéance) et la capacité à activer pour chaque transaction la procédure de couverture la plus appropriée. La difficulté pratique à maîtriser le risque de change augmente proportionnellement avec le volume des opérations à risque. La digitalisation de la chaîne de paiements internationale constitue rapidement un incontournable lorsque l’exposition devient sensible et durable :
- En raison de la nature critique du risque de change
- Parce que le processus de couverture est complexe
- Pour disposer d’une plateforme multiservice de fiabilisation des transactions
La sécurisation et la prévisibilité de la trésorerie représentent des pré-requis pour la sérénité de la gestion des entreprises. À plus forte raison en période d’incertitude et de volatilité des marchés et des prix.
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Le risque de change, une menace sur les comptes de l’entreprise
En matière d’anticipation et de réduction des risques, la responsabilité du trésorier d’entreprise est de piloter 5 principaux types de menaces :
- Le risque de change, lié à l’évolution du cours des devises
- Le risque de taux, généré par les mouvements dans le coût du financement
- Le risque de fraude, sous la pression de la cybercriminalité
- Le risque client, qui affecte le recouvrement des créances
- Le risque matière, induit par la volatilité des cours
Le risque de change est caractérisé :
- Lorsqu’une vente ou un achat est conclu sur la base d’une contrepartie en devise, c’est-à-dire libellée dans une monnaie qui n’est pas l’euro. Par exemple, un achat de matière première à régler en dollar. Ou une vente de service dont le montant sera acquitté en livres sterling
- Lorsque le règlement est différé dans le temps : la commande est effectuée aujourd’hui, la livraison intervient 6 mois plus tard et tout ou partie du règlement est décaissé à réception.
Dans le laps de temps, les cours respectifs des monnaies peuvent varier. Ce qui fait que la contrepartie réelle en euro de l’achat ou de la vente peut évoluer en proportion, à la hausse ou à la baisse.
Le risque de change menace ainsi la valeur réelle de la contrepartie monétaire des ventes et des achats hors zone euro de biens et de services de l’entreprise, encaissée selon un terme variable mais parfois éloigné. Et si le risque est à la hausse ou à la baisse, le rôle du trésorier est d’éliminer les surprises, même bonnes, pour garantir une prévision juste de la trésorerie, en fonction de laquelle sont engagés les investissements de l’entreprise.
Les tensions géopolitiques, les troubles sociaux, les difficultés économiques relatives ou l’application de doctrines financières antagonistes sont de nature à augmenter la volatilité des monnaies. Le risque de change tend naturellement à augmenter à proportion de cette volatilité, avec pour conséquence possible une déstabilisation profonde des équilibres financiers des organisations les plus engagées dans les chaînes de valeur internationalisées.
D’autant que, dans la réalité, le risque de change affecte non seulement les opérations commerciales de l’entreprise mais aussi éventuellement ses opérations financières, notamment :
- La valeur des soldes bancaires
- Les conditions des emprunts contractés ou des prêts accordés
La couverture du risque de change, un processus complexe
Fondamentalement, le principe de la suppression du risque de change consiste, moyennant rémunération, à couvrir le risque, c’est-à-dire :
- Conclure en parallèle un contrat de change à terme assis sur une perspective symétrique (le gain ou la perte sur le contrat commercial est compensé par le gain ou la perte sur le contrat de change). Ce qu’on appelle un SWAP de change.
- Garantir la valeur de la contrepartie moyennant une assurance.
- Assortir le contrat commercial de diverses clauses et mécanismes, revenant à répartir le risque entre le vendeur et l’acheteur, qui peut aller jusqu’à la fixation contractuelle de la valeur de change pour figer la contrepartie.
Pour une organisation très engagée dans le commerce international, pour ses achats comme pour ses ventes, il va de soi que le risque de change s’apprécie globalement période par période et devise par devise. Les pertes éventuelles induites par une fluctuation défavorable sont mécaniquement effacées par les gains attachés à des opérations en sens inverse à la même période et attachées à la même devise. Le risque de change à apprécier, et donc à maîtriser, résulte en conséquence des différentiels potentiels anticipés pour chaque période.
Observons par ailleurs que la maîtrise du risque de change, comme celle de l’ensemble des risques, est un travail d’équipe, qui implique une communication étroite entre ceux à l’origine du risque (les commerciaux ou les acheteurs) et ceux en charge de le maîtriser (la fonction finance).
Notons enfin que la prise de décision, couvrir ou non le risque, et dans quelle proportion, est adossée à une politique de gestion des risques mais déterminée par des considérations conjoncturelles, géopolitiques par exemple. La capacité à prendre en compte l’ensemble des facteurs de risque autour de la transaction considérée est donc un fondamental de la maîtrise du risque de change.
La gestion digitale du risque de change, une couverture supplémentaire
Globalement, une gestion globale du risque de change repose sur un système d’information multi-acteurs, en capacité de faire circuler très vite des données hétérogènes, en capacité de mettre en œuvre sans délai des protocoles financiers parfois complexes et surtout en mesure de piloter en même temps un nombre important d’opérations.
En outre, lorsque les opérations de ventes et d’achats en devises se multiplient et que la volatilité des monnaies augmente, la gestion du risque de change est vite confrontée à de nombreuses difficultés pratiques.
Par exemple :
- La détection et la caractérisation du risque dès son apparition
- Sa mise en perspective dans la gestion globale du risque de change de l’entreprise
- La prise de décision de la couverture et de sa hauteur
- Le choix des moyens pour le conjurer
- Le suivi des frais engagés pour les opérations de couverture
C’est pourquoi le recours à une solution digitale dédiée à la couverture du risque de change paraît indiquée, à mesure que le risque s’étend ou que le volume des opérations se multiplie.
La digitalisation de la gestion du risque de change apporte notamment trois types de bénéfices :
- Une simplification du processus de couverture et un gain de temps dans la mise en œuvre des opérations.
- Une accélération et une fiabilisation des échanges d’information, entre tous les acteurs.
- L’unification de la perception des tenants et aboutissants, avec à la clé une facilitation de la prise de décision.
En conclusion, la digitalisation de la gestion du risque de change est de nature à améliorer le pilotage du processus, et donc in fine à réduire l’incertitude pour l’entreprise.
Mais le bénéfice de la digitalisation sera d’autant plus important qu’envisagé dans une perspective étendue à la chaîne globale des paiements. Le recours à une plateforme de gestion avancée de la trésorerie et des paiements, qui inclut le pilotage du processus de couverture et intègre également des fonctions comme la prévision de trésoreries et l’automatisation des échanges bancaires, est certainement l’optique la plus crédible pour répondre aux besoins des trésoriers d’entreprise.