Trésorerie en temps de crise : les 10 bonnes pratiques
Une gestion maîtrisée de la trésorerie en temps de crise conditionne de toute évidence la résistance de l’entreprise et sa capacité à saisir les opportunités de rebond. Vous êtes au passage 63 % à regarder la crise comme « l’occasion des saisir des opportunités pour votre entreprise¹. »
En effet, entre les charges incompressibles, les clients timorés et les surcoûts pour maintenir à flot la supply chain, la disponibilité du cash doit être surveillée comme le lait sur le feu. C’est pourquoi la gestion de trésorerie en temps de crise réclame de pouvoir s’appuyer sur une boîte à outils très complète.
Les 10 bonnes pratiques de la gestion de trésorerie en temps de crise se répartissent en 4 familles :
- L’accélération de la rentrée du cash
- La maîtrise des coûts
- La réduction des charges
- Le bénéfice de financements additionnels
Les bonnes pratiques de la trésorerie en temps de crise pour accélérer la rentrée du cash
Réduire les délais de paiement
Même si le dépassement des échéances de paiement par les clients n’est pas une spécificité du temps de crise, le risque que certains de vos clients utilisent le paiement de vos factures comme une variable d’ajustement est un risque avéré.
Vous doter d’une procédure scénarisée et précisément pilotée de recouvrement est d’autant plus une nécessité.
Accélérer le règlement des créances clients
À côté d’un protocole de recouvrement rigoureux, vous avez deux possibilités pour accélérer le règlement de vos clients, moyennant un coût :
- Proposer un escompte en échange d’un paiement comptant
- Recourir à l’affacturage, en cédant une partie de vos créances clients à un organisme financier qui vous les règle aussitôt
Les bonnes pratiques de la trésorerie en temps de crise pour maîtriser les coûts
Prioriser les coûts fixes
Si votre niveau d’activité baisse, la pression des coûts fixes sur votre trésorerie peut devenir insupportable. C’est pourquoi la priorité est de desserrer le carcan.
Plusieurs solutions, cumulatives, s’offrent à vous :
- Renoncer à certaines prestations qu’il est possible de suspendre
- Renégocier certains tarifs, ou en tout cas essayer d’obtenir un étalement des échéances, par exemple en passant de trimestrielles voire semestrielles d’avance à mensuelles
Analyser les coûts variables
Les coûts variables agissent directement sur la qualité de vos prestations ou des biens que vous fabriquez. Votre marge de manœuvre est donc très réduite pour les faire baisser a priori.
Pour autant, la période peut vous inciter à remettre en cause votre modèle économique ou tout au moins à procéder à une analyse de la valeur sur quelques productions ou prestations phares. Il peut être alors judicieux de revoir à la baisse des coûts variables qui tout bien pesé ont un impact négligeable sur le ressenti client.
Optimiser la gestion des stocks
Les stocks induisent deux types de coûts :
- La trésorerie immobilisée, correspondant à la valeur des biens stockés
- Les frais techniques de stockage, variables en fonction de la nature des biens : bâtiment, électricité, gardiennage, conditionnement d’air…
En période de tension sur le cash, il est prudent de réévaluer vos besoins de niveaux de stocks. Il est possible de renégocier avec vos fournisseurs une nouvelle organisation des réassorts sur les produits indispensables. Et de différer certaines livraisons pour les produits aux rotations plus lentes et faciles à se procurer.
À l’inverse, au constat de tensions dans la chaîne d’approvisionnement et de ruptures sur certains composants stratégiques, il peut être avisé d’anticiper en surstockant. Perdre ou retarder des ventes faute de composants n’est en effet pas une bonne façon d’aborder la trésorerie en temps de crise !
Négocier un peu de souplesse auprès de fournisseurs qui le peuvent
La réflexion sur la trésorerie en temps de crise et la recherche de solutions multiples ne doit pas faire oublier l’essentiel. En effet, la solidarité entre les entreprises, le respect des délais de paiement et la défense de son écosystème de partenaires priment. Les solutions ne sont pas de déplacer le problème éventuel de trésorerie chez les fournisseurs.
Pour autant, la crise ne touche pas toutes les entreprises de la même manière. Pouvoir négocier par exemple un paiement en trois échéances au lieu d’une avec un fournisseur dont la trésorerie le permet peut aider à passer un cap difficile. Il faudra alors vous en souvenir lorsque la période sera devenue plus clémente.
Les bonnes pratiques de la trésorerie en temps de crise pour réduire les charges
Profiter des possibilités de report de charges
Le Gouvernement met en place de nombreuses mesures pour permettre aux entreprises d’ajuster leurs débours à la situation réelle de leurs encaissements :
- Activité partielle
- Reports d’échéances sociales
- Mesures sectorielles
Des banques, des assureurs, des bailleurs jouent également le jeu en aménageant les échéances.
Consultez votre expert-comptable pour qu’il vous aide à bénéficier des éventuelles possibilités. Il vous accompagnera également dans l’organisation de votre prévisionnel de trésorerie pour anticiper le retour à la normale.
Renégocier les crédits
La gestion de trésorerie en temps de crise intègre aussi l’audit des crédits bancaires en cours.
Deux stratégies peuvent être conduites en parallèle :
- La renégociation de chaque crédit, avec l’objectif de diminuer la charge mensuelle en obtenant un rééchelonnement, c’est-à-dire une augmentation du nombre d’échéances en échange d’une baisse de chaque mensualité.
- Le rapprochement des crédits dans un seul crédit, avec l’idée de diminuer le montant global de la sortie d’argent mensuelle consacrée au désendettement.
L’issue favorable de telles initiatives repose clairement sur votre capacité à inspirer confiance à vos interlocuteurs bancaires. Même si les périodes de crise systémique induisent une plus forte bienveillance, mieux vaut engager les négociations avec les banques au plus tôt pour être en capacité de présenter les indicateurs les plus favorables.
Les bonnes pratiques de la trésorerie en temps de crise pour bénéficier de financements additionnels
Obtenir un concours bancaire
Le PGE (Prêt Garanti par l’État) offre aux entreprises un répit bienvenu pour passer le cap d’une difficulté temporaire.
Mais d’autres solutions existent pour bénéficier rapidement d’un concours financier :
- Le crédit renouvelable et la facilité de caisse (autorisation de découvert), accordés par votre banquier. L’intérêt de ces approches, plus onéreuses qu’un emprunt classique, est le fait qu’elles sont flexibles et ne coûtent que si on les utilise.
- L’emprunt auprès d’un organisme financier et garanti par une institution dont c’est la vocation (France Active, SIAGI, SOCAMA, ÉGALITÉ Femmes).
Bénéficier de mesures d’aides à l’investissement
Des aides à l’investissement, émanant de l’Union européenne ou de l’État, existent pour accompagner l’amélioration de la compétitivité des entreprises. En effet, même en temps de crise, il est important de rester dans la course et de préparer le retour à meilleure fortune.
C’est pourquoi il est important pour les entreprises de continuer à regarder l’avenir et à investir.
En conclusion, la gestion de trésorerie en temps de crise est un exercice aux multiples ressorts. En fonction de la situation, besoin de trésorerie pour financer une accélération d’activité ou au contraire tension dans la cash induite par l’atonie des commandes, les solutions ne sont évidemment pas les mêmes.
Ce qui est constant et commun en revanche est le besoin de piloter au plus près sa trésorerie en temps de crise et de disposer pour cela des meilleurs outils digitaux !
Pour aller plus loin sur le sujet de la gestion de trésorerie, en temps de crise ou non, d’autres articles peuvent vous intéresser :
- Gestion de trésorerie : définition
- Comment orienter sa culture d’entreprise sur la trésorerie ?
- Conseil aux start-up : comment suivre votre comptabilité et votre trésorerie ?
- L’affacturage : quels avantages et quels inconvénients ?
¹Bpifrance Le Lab – novembre 2020