Gestion Financière

Trésorerie négative : la reconnaître, y échapper

Trésorerie négative : la reconnaître, y échapper - Cédric Suire

Une trésorerie négative se caractérise par une incapacité à régler certaines dépenses par manque de ressources financières. On ne parle pas ici d’un cycle saisonnier, constitutif d’une activité où les ventes sont concentrées sur une période donnée, mais bien d’un problème de liquidités disponibles.

Vous êtes face à un trou qu’il vous faut combler au plus vite. La trésorerie négative, c’est très concret et très urgent ! 

Les conséquences d’une trésorerie négative

La principale conséquence d’une trésorerie négative est de vous contraindre. Vous courrez le risque de ne pas pouvoir acquérir certains biens ou services essentiels à votre production. Ou de voir refusés des prélèvements. Vous voyez entravée votre liberté de mouvement et devenez dépendant du bon vouloir de partenaires, banquiers, fournisseurs ou investisseurs. Bref, vous perdez la main et la situation n’est pas tenable !

Personne n’apprécie les mauvaises surprises. Les conséquences d’une trésorerie négative, qui affecte forcément un peu votre réputation, seront d’autant mieux amorties que vous aurez vu venir le problème grâce à votre prévisionnel financier. Vous aurez pu anticiper et mettre en place des solutions en amont.

Si la crise est soudaine :

  • Défaut de paiement de la part d’un client.
  • Problème de qualité exigeant des frais coûteux.
  • Incident affectant votre outil de travail.

Vous n’aurez bien sûr pas pu anticiper. C’est là où votre réactivité est stratégique. Il faut sortir très vite et à moindre coût d’une spirale qui pourrait devenir un problème autrement plus conséquent.  

5 actions à effet immédiat pour retrouver une trésorerie positive

La première chose à faire est de bâtir un plan de trésorerie réaliste à 3 mois. C’est le chemin à parcourir pour retrouver une situation de trésorerie positive, en intégrant des hypothèses de succès par rapport aux 5 actions présentées ci-dessous.

Annuler ou reporter un maximum de dépenses

C’est du bon sens mais il n’est pas inutile de rappeler ce premier bon réflexe pour enrayer une trésorerie négative : challengez chaque centime qui sort.

  • Reportez des déplacements, des invitations ou des événements d’entreprise.
  • Diminuez certains frais de fonctionnement.
  • Reprogrammez les investissements les moins essentiels.

La bonne attitude est de passer tout au crible, sans tabou. Avec une rigueur à la hauteur de votre déficit. Mais aussi de ne pas compromettre les succès de demain en coupant trop sévèrement dans des dépenses essentielles à votre activité. Par exemple, réduire pour tout le monde l’allocation de déplacement est une contrainte qui ne menace en rien vos succès futurs. En revanche, renoncer à un salon professionnel incontournable risque de vous placer dans une situation encore plus difficile à moyen terme.  

Se donner de l’air avec une facilité de caisse

Vos banquiers sont là pour les bons et pour les moins bons moments. Une autorisation supplémentaire et temporaire de découvert vous aidera à amortir le choc. Et surtout à éviter de trop négocier le dos au mur avec vos créanciers.

Votre banquier exigera légitimement en contrepartie de son éventuel accord un plan crédible de sortie de crise. Cela tombe bien, vous avez justement commencé par travailler cette situation prévisionnelle !

Négocier des étalements de paiement avec certains fournisseurs

Devoir affronter une situation de trésorerie négative est une situation qu’ont probablement déjà connue la plupart de vos fournisseurs. N’ayez aucune hésitation à les informer de vos difficultés et sollicitez leur soutien.

La bonne façon d’aborder les choses est d’expliquer la raison du problème et surtout d’exposer votre plan global pour le résoudre dans les meilleurs délais. Cette approche transparente et professionnelle ne manquera pas de convaincre vos partenaires qui le peuvent de vous accorder un coup de pouce.

Si besoin, engagez-vous sur des compensations, comme une concentration de vos commandes ultérieures auprès des partenaires les plus compréhensifs.

Engagez également un dialogue constructif à propos de vos cotisations sociales et de vos dettes fiscales. Un peu de souplesse, sous la forme d’un étalement, est susceptible de vous être accordé.

Recouvrer au plus vite les règlement

Il y a d’abord les factures échues. Encore davantage qu’à l’accoutumée, il vous appartient de faire pression sans relâche sur vos clients négligents. Par ailleurs, certains clients dont vous êtes proches, que vous avez peut-être aidés par le passé dans une situation symétrique, seront sans doute compréhensifs si vous leur demandez d’avancer leurs règlements. En tout cas, cela vaut le coup d’essayer.

Anticiper des règlements avec de l’affacturage

L’affacturage consiste à céder tout ou partie de vos factures non échues à un organisme spécialisé. Votre banque a forcément une filiale ou un partenaire qui propose ce service.

Concrètement, l’organisme d’affacturage, ou factor, vous règle sous 48h00 le montant de la facture amputé d’une commission. Votre client est informé et invité à régler à l’échéance son nouveau créancier.

On appelle parfois aussi cette pratique du financement de factures. La mécanique est simple : vous renoncez à un peu de chiffre d’affaires (le coût global représente entre 1 et 4 % du montant nominal de la facture) mais vous encaissez très vite. Au surplus, rien ne vous empêche de tenter de répercuter le coût auprès de certains clients, en ajoutant le poste à chacune des factures.

Une rentabilité restaurée, la solution durable pour une trésorerie sereine

Les 5 actions décrites ci-dessus sont des situations d’urgence, coûteuses en énergie et en argent. C’est pourquoi elles ne peuvent être que transitoires, pour sortir au plus vite de votre situation de trésorerie négative.

En parallèle de parer au plus pressé, il vous faut en conséquence réfléchir à des initiatives qui garantissent un flux positif de trésorerie mois après mois. Sauf erreur, vous gérez votre entreprise avec l’idée de gagner de l’argent !

Quelle que soit votre activité, votre rentabilité doit être votre priorité. Vous aurez mesuré pendant un trimestre ce que ce principe qui peut paraître un peu théorique contient de réalité pratique dès lors qu’on y déroge ! La diversification de votre portefeuille de clients, pour éviter toute fragilité en cas de défaillance, doit aussi être un objectif stratégique.

Quels que soient vos efforts, la trésorerie restera toujours le nerf de la guerre. Donnez-vous les moyens de la surveiller comme le lait sur le feu !

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