Big Data, automatisation des process, intelligence artificielle… l’expert-comptable est partie prenante du changement digital inexorable qui est en cours dans le milieu économique. Il doit plus que jamais s’adapter pour répondre à de nouvelles missions. Mais s’il se saisit rapidement de ces évolutions, il peut aussi gagner l’occasion de réinventer ses missions et de repenser son rôle auprès des entreprises.
Une automatisation généralisée fait naître une attente de conseil
Malgré un report du calendrier par le gouvernement français, l’entrée en vigueur de la facture électronique obligatoire reste inéluctable. Les cabinets doivent donc continuer sur leur lancée à préparer leurs clients à cette dématérialisation via la mise en place d’un processus pédagogique et opérationnel pour être fin prêt en 2026 pour les grandes entreprises et ETI, et en 2027 pour les plus petites entreprises.
Si cette réforme doit permettre aux entreprises d’alléger leur charge administrative et de diminuer les délais de paiement entre elles, elle doit aussi entraîner à terme une simplification des obligations déclaratives des entreprises en matière de TVA grâce à un pré-remplissage de ces déclarations. Car, comme pour la plupart des déclarations, l’État veut en finir avec la saisie manuelle et les risques d’erreurs, voire de fraudes, qui en découlent. De fait, les fonctions des experts-comptables s’en trouvent impactées alors qu’ils voient eux aussi leur activité s’automatiser sur les tâches à faible valeur ajoutée de saisie et de relecture. Leur rôle se déplace donc progressivement vers des interventions plus élaborées : notamment celles du conseil.
Développement durable et responsabilité sociale : nouvelles obligations
L’automatisation et la dématérialisation des tâches génèrent de nombreux flux d’informations dont l’exploitation peut permettre d’explorer de nouveaux territoires d’intervention et de proposer de nouvelles missions. Ces nouvelles missions répondent aux besoins diversifiés des clients qui sont de plus en plus sollicités sur de nouveaux sujets.
C’est le cas notamment pour tout ce qui touche aux enjeux de développement durable et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Une réglementation européenne, dite CSRD pour Corporate Sustainability Reporting Directive, impose par exemple depuis peu la réalisation d’un reporting extra-financier sur des questions de développement durable afin de faciliter la transition vers une économie durable. Applicable uniquement pour le moment aux grandes entreprises, elle impacte tout de même les TPE-PME présentes dans la chaîne de valeur. Habitué à collecter et à traiter les données, l’expert-comptable est tout naturellement à même d’accompagner les entreprises dans la réalisation de leur reporting sur la durabilité de leurs activités.
Exploitation et sécurisation de la data
Cette explosion de la data des clients (issue de l’entreprise elle-même, mais aussi des fournisseurs, clients, plateformes auxquelles ils sont connectés…) peut amener l’expert-comptable, déjà au cœur du flux de données, à proposer des missions de gestion de ces informations. Que ce soit sur leur interopérabilité en travaillant sur le choix des outils numériques, sur leur fiabilité en optimisant la structuration des données d’origine pour sortir une information financière rigoureuse, sur leur enrichissement pour obtenir des données directement applicables par les dirigeants au moment de faire des choix stratégiques… l’expert-comptable a une place à prendre.
Pour amener son client à mieux valoriser ses données, il devra se doter lui-même d’outils permettant d’exploiter les indicateurs de l’entreprise, de faire des prévisionnels et du benchmarking… Et apprendre à utiliser l’intelligence artificielle pour pousser encore plus loin son expertise notamment dans l’analyse prédictive et la détection précoce de défaillances.
Une profession en quête de nouvelles spécialisations
Mais pour suivre cette montée en qualité des missions proposées, qui requièrent une technicité toujours plus importante, la spécialisation des experts-comptables paraît incontournable. Que ce soit par une montée en compétences des collaborateurs en interne ou le recrutement de profils diversifiés, les cabinets doivent repenser leurs qualifications et viser large.
L’ordre des experts-comptables l’a bien compris en mettant en place un vaste programme de formation baptisé « Profession Comptable 2030 », créé pour booster les compétences des collaborateurs et aider les experts-comptables dans leurs réflexions stratégiques, avec notamment la création d’un catalogue de modules de formation innovants.
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